Aventuriers, c’est le grand Zurko-Bazurko qui vous parle.
Alors, que pensez-vous des points de passage ? Pratiques, non ? Je parie que vous vous posez un tas de questions à leur sujet. Eh bien vous avez de la chance ! Figurez-vous que dans un élan de bonté, j’ai décidé de partager mon immense savoir avec vous.
Notre histoire se passe lors d’une traversée en mer à destination du continent de Quon. Mes collaborateurs et moi-même accompagnions le vénérable Anastase dans les Terres Centrales pour une mission de recherches. Alors que je me tenais sur le pont, prêt à faire usage de mes puissantes runes en cas de danger, l’éminent professeur débuta une dissertation passionnantaru au sujet de ces dispositifs magiques. Vous mourrez d’envie de savoir ce qu’il nous a confié ce jour-là, n’est-ce pas ?
Allons, allons. Ne soyez pas timides et lisez par vous-mêmes.
* Note de l’éditeur : M. Zurko Bazurko ayant relaté les événements de manière particulièrement libre, nous nous sommes permis d’altérer ses propos afin de vous proposer une description des faits plus proche de la réalité. Merci de votre compréhension.
« Prrrofesseur ! J'ai faim... Donnez-moi quelque chose à manger, s'il vous plaît. »
La voix ronronnante de Quwi Orihbhe avait retenti sur tout le pont du navire qui transportait l'équipe de chercheurs dont elle faisait partie.
« Mais voyons, tu viens juste de manger. Bon, d'accord... »
Le professeur Anastase était le chef de cette expédition scientifique. Il sortit plusieurs biscuits du randonneur de sa poche et les tendit à la jeune Mithra affamée.
« Merrrci beaucoup ! De toute façon... je savais que vous me donneriez ces biscuits, prrrofesseur. »
« Quelle gamine tu fais, Quwi. D'ailleurs, ça te va bien de manger des biscuits et des sucreries, » lança sèchement Zurko-Bazurko, un apprenti épéiste runique qui avait suivi toute la scène.
Le vaisseau à bord duquel ils se trouvaient voguait sur la mer de Zafmlug en direction du continent de Quon. Les courants étant rapides près des côtes d'Ulbuka, il fallait naviguer avec prudence et le capitaine avait donc choisi de faire un grand détour pour éviter le moindre danger.
Cela faisait maintenant sept jours qu'ils avaient quitté la Sainte Cité d'Adoulin et la plupart d'entre eux n'étaient pas habitués à de longs voyages en mer. C'était notamment le cas de Wistful Bison, un imposant Galka auquel le roulement du bateau provoquait un fort haut-le-cœur.
« Mais pourquoi... faut-il que... ça m'arriv... beuargh...
Tout ceci, c'est à cause de cette idée de Maître Chero-Machero. Il faut toujours qu'il se fie à son intuition... b-beuaaargh...
– Dis-toi plutôt que notre cher ministre du Négoce est un Tarutaru de talent et que l'idée qu'il a eue en est la preuve. Mais bon, le travail, c'est le travail. Il faut faire contre mauvaise fortune bon cœur. »
Jillia, une jeune Hume envoyée par la corporation des éclaireurs, essayait tant bien que mal de remonter le moral du Galka nauséeux tout en lui frottant gentiment le dos.
« Professeur. Si on va dans les Terres Centrales, c'est pour installer ces trucs-là, n'est-ce pas ? » demanda Zurko-Bazurko en pointant du doigt les dispositifs magiques qui lançaient des éclats dorés au fond de la cale du navire.
« Tout à fait. Les points de passage que nous avons ici sont des prototypes mis au point spécialement pour ces contrées. Je compte d'ailleurs sur les dons de Quwi pour nous donner des indices quant à l'emplacement des sources géomagnétiques là-bas.
– D'accord, prrrofesseur ! Je ne suis pas sûre que mes visions seront très claires... mais je vais faire de mon mieux. Je vous le prrromets ! »
Face à la réponse enjouée de la Mithra douée de divination, le Tarutaru épéiste ne put s'empêcher de laisser échapper un profond soupir et de chuchoter quelques mots.
« Cette mission est l'occasion rêvée de faire reconnaître mon talentaru prodigieux à madame Amchuchu... Je n'ai pas le droit à l'erreur. J'en fais le serment sur mes runes !
– Madame Amchuchu... la mestre des ingénieurs, tu veux dire ? »
Inconsciemment, Zurko-Bazurko poursuivit son soliloque comme s'il répondait à la question de Jillia.
« Ces derniers temps, elle ne pense qu'aux savants venus du continent de Quon. Tu parles ! Je ne vois pas ce que ces mioches ont d'intéressant. Non, non, les exploits de la légende vivantaru que je suis sont bien plus fascinants.
– Mais de quoi tu parrrles, Zurko-Bazurko ? Tu n'es même pas capable de vaincre un vulgaire chapuli ! »
La pique de Quwi Orihbhe avait fait mouche.
« Mouaaaaaaaaaaaaaaah... ! Oh, non, je perds le contrôle de mes runes... !! Il faut que je garde mon sang-froid !!
– Arrêtez donc vos chamailleries, tous les deux. Nous serons bientôt arrivés. »
Anastase était intervenu calmement, habitué qu'il était aux disputes entre ces deux-là.
« À propos, professeur, vous pourriez m'expliquer le principe de fonctionnement des points de passage, s'il vous plaît ? »
La question de Jillia venait au bon moment.
« Je crois que ça intéresse aussi Wistful Bison, » poursuivit-elle.
« Tu as raison. Il vaut mieux que je vous dise ce que je sais à leur sujet, même si ce n'est pas grand-chose en fait, » répondit le vieil Elvaan.
« C'est une longue histoire, mais la technologie permettant de se téléporter en utilisant les champs magnétiques existait déjà dans les temps anciens et a servi de base pour le développement de nos points de passage actuels. Ce n'est en effet que récemment que la magie a été ajoutée aux anciens dispositifs.
– Ouah ! Les gens utilisaient déjà quelque chose comme ça autrefois... !? C'est incroyable ! » commenta la jeune Hume.
« Oui. Et d'après les vieux textes que j'ai lus, les anciens appareils auraient même permis de prendre un avantage décisif lors de grandes batailles. Mais après cela, il fut interdit de pénétrer sur le continent d'Ulbuka. Ces dispositifs devinrent alors désuets et leur technologie finit par être oubliée...
– Quel gâchis ! Ils sont si prrratiques, pourtant ! » s'exclama Quwi Orihbhe en grignotant un autre biscuit.
« Oui, en effet. Mais comme l'exploration du continent avait été arrêtée et que les ressources de l'archipel d'Adoulin étaient limitées, c'était sûrement la seule chose possible à cette époque... Et puis, comme les gens n'avaient plus besoin d'aller au-delà de la Porte de Jorius, ces appareils de téléportation géomagnétique ne leur servaient plus vraiment.
Pour en revenir au contrôle magique de ces dispositifs, il aurait été transmis par une femme au savoir prodigieux il y a environ quinze ans, lors de son passage à Adoulin...
– Héhéhé. Je suis sûre que c'est lié au pouvoir magique de mes runes, ça, » se félicita Zurko-Bazurko.
Anastase continua néanmoins son récit.
« Elle aurait retrouvé la technologie relative aux anciens dispositifs dans un vieil écrit qui dormait sur un rayon oublié de la Bibliothèque Celennia et y aurait appliqué un principe de contrôle magique qu'elle connaissait. C'est ainsi que les points de passage que nous utilisons maintenant auraient vu le jour. Nous devons donc beaucoup à cette personne.
– Oooh... Mais, c'est qui au juste... ?
– Hé, vous autres ! Regardez ! Le continent de Quon est en vue !! » s'exclama Jillia en pointant les terres qui apparaissaient à l'horizon devant eux.
« Oh ! Nous y voilà enfin.
– J'ai hâte de débarquer là-bas... J'ai bien cru que j'allais devenir fou.
– De nouvelles contrrrées ! De nouveaux poissons à déguster ! Miam miam !
– Beuuuargh... »
Anastase plissa les yeux face à la lumière qui se reflétait sur les flots alors qu'il observait le littoral qui se dessinait au loin.